lundi 15 décembre 2008

Une histoire emmurée, (3 et fin)

Heureux Vestige de la sueur bénie


Jadis cette muraille fut construite en temps de guerre pour réprimer les attaques ennemies, construite, détruite puis reconstruite par les hommes de la terre du milieu, elle a protégé bien de victimes, servi à écrire des histoires sur les héros . Au moins historique , elle est belle quand elle plonge dans la clarté matinale et défie les vents et le soleil. On dit qu’elle est visible de la lune comme un fin fleuve qui serpente les rizières. On oublie qu’elle fut construite pour des raisons belliqueuses comme tous les murs de ce siècle. Son caractère spécial, si artistique et charmeur lui donnent une nouvelle identité. Une grande fortification sans couleur religieuse, sans empreinte ethnique, elle date du VI éme siècle. La seule couleur apparente est celle de la pierre locale mélangée à de l'argile universelle, taillée, bien travaillée et savamment alignée par les ouvriers de la terre du milieu. Si on ferme un peu les yeux, on verra mieux des bras nus dans leur sueur assembler les pierres, une à une pour édifier cette longue enceinte au milieu des monts et des forêts, pour garder les tribus nomades à l’extérieur, comme une frontière dans le passé. Aujourd’hui, ce mur construit pour repousser les attaques Mandchoue et Mangole constitue un merveilleux vestige qui efface la frontière première et s’ouvre sur le monde entier. Et si on ouvre encore les yeux sur cette belle muraille, on verra dans la lumière, mais avec du recul, les mêmes dos courbés, et les mêmes bras en sueur semer le riz ou récolter le thé. Comme si rien n’avait changé depuis des siècles, à l’exception du bruit que font les passagers à travers les hautes colonnes industrielles et les édifices modernes.

http://video.google.com/videoplay?docid=3568691147632844515).


Ce béton armé qui étouffe mon mur béni

Entre deux grands pôles, des jeunes au teint fatigué semblent s’adonner au même loisir, « : jeter des pierres ». Ne freiner que pour éviter les tirs ennemis. Car ici, vous jetez une pierre contre ce long mur ou les soldats qui le gardent, vous recevez en échange une balle vraie, Incandescent. Et ce n’est ni le mal de vivre, ni pour payer pour les crimes des autres qui motivent leur ardeur. C’est plus que ça. Sur ce mur se profile la tragédie humaine dans toute sa laideur. Les lieux ont leur histoire, si belle, ancestrale, et sacrée. Une vraie couleur religieuse et céleste hante le ciel et la terre. Et pourtant rien n’y fait, le béton armé enterre les âmes. Le grand mur protecteur qui s’étend d’une partie du pays à une autre a piétiné les oliviers, et marché sur les corps des paysans Arabes en sueur, la sueur s'est mélangée au sang et a écrit une histoire sur la terre qui pleure. Le ciel s’est totalement détaché de cette terre et l’a terriblement abandonnée à tous les passagers qui s’y purifient de leurs péchés et y laissent faire les maudites traces des pioches modernes sur des monts ou chaque parcelle a reçu la bénédiction des pieds d'un Prophète, et recueilli le sang des malheureux et des heureux martyrs.
Aucune secousse tellurique n’eut pu ébranler les fondements de l’esplanade bénie ou des mosquées anciennes. Les sons des cloches continueront à retentir, elles n’ont pu ramener la raison sur cette terre détachée du ciel, comme un îlot perdu en haute mer. Cette terre ne retiendra que les cris éttouffés de ses enfants qui s’accrocheront à leurs pierres, à leurs terres, à leur mosquée, à leur mur béni pour survivre même si cela rappelle l' enfer sur terre, car sans eux, aucun Prophète ne reviendra effacer le mal fait. Rien ne se fera sans leur survie. Il faut qu’ils vivent, qu’ils suent, qu’ils résistent pour que leur cité qui étouffe entre les murs de béton armé puisse respirer, car ils sont l’oxygène et l’avenir du fil qui relie leur terre au ciel. Les autres, de l’autre côté du mur, qui vivent grassement dans leur malheur doivent le comprendre. Et nous autres, ici et ailleurs grassement assis et sourds aux cris renvoyés vers l’esplanade, devons comprendre que le Messie ou Mahdi ne reviendra pas si nous laissons faire la loi du béton armé, car il ne restera rien de digne à sauver si tous les enfants de cette terre, entre les deux pôles ne survivent pas.

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Le bien fondé est bien venu.