vendredi 15 mai 2009

Notes barbares sur le Streaming et Peer to Peer de l'autre côté de la Méditerranée.

Streaming et Peer to Peer de l'autre côté de la Méditerranée.

Chez nous, il y' a un proverbe qui dit "d’un voleur qui volerait un voleur, il y'a voleur aveugle"; je me suis toujours demandé le vrai sens sans y parvenir. Mai la vie enseigne des choses.

Il y'a dans les hémicycles des histoires qui devraient faire rougir leurs acteurs. Non pas de honte de ne pas savoir, mais de honte de savoir et laisser faire.

Un bloggeur a eu l'idée de poser des questions à des députés sur les technologies a fait des découvertes qui répondent à ses attentes. Pas de frustrations au moins à ce stade.
La plus grande frustration, c'est de voir que le Centre de l'Europe va imposer des lois qui vont s'auto-générer (lire : donner le mauvais exemple et faire tache sur la culture). Il s’agit d‘un pays qui a toujours été, depuis des siècles, le pays de la littérature, de la poésie, de tous les combats, de la liberté d'expression durement gagnée depuis la Révolution. En dépit du goût amer laissé par les élans colonisateurs.

Depuis quand les droits d'auteurs vont-ils être un moyen de museler et surveiller ?
Eh bien ça arrivera. Car si on veut réellement que la musique et les films cessent
« d'être volés », on a qu'a fermer la source initiale, ou arranger cela avec les serveurs, sans vouloir faire dans la simplicité " pourquoi faire simple, quand on veut faire compliqué? Ou autrement dit, comment des jeunes et vieux malins, sortis de l'air de l'internet veulent-ils prétendre voler des gens - spécialisés dans le vol légal- qui ont toujours volé des artistes et se sont assurés leurs gains sur la base de la sueur des autres, comme de vrais vampires. Et qui va s'inquiéter du sort de ces gens? La question est celle de bon sens…Des artistes qui ont vendu leurs droits d’auteurs dans les années 70, puis qui sont décédés ou cessé de pratiquer, ont fini leur manche dans la course. Mais les sociétés qui ont racheté ces droits continuent la course. Ils vendront bien aujourd’hui et mieux demain, un peu comme le reste…

Les plus fragiles sont ceux qui travaillent dur et gagnent peu. Pire, l'ère où ils seront utilisés pour servir à instaurer la politique de "haute surveillance " est arrivée. Déjà que l'essence première de l'artiste c'est fuir la complaisance (pas toujours, mais au moins survivre...). Rappelez vous l’histoire des théâtres et des acteurs "itinérants ou itinéraires ...j'ai oublié le mot. Mais je me souviens qu’en 2002 et plus, l'histoire de jeunes talents réellement castrés par une "tempête" dans une bouteille. La vie ne leur a pas fait de cadeaux. Ils pourront toujours regarder les stars à la télé ou télécharger...si Dieu veut!

NOTES Barbares

I- "" Cette vidéo n'est plus disponible suite à une réclamation pour atteinte aux droits d'auteur soumise par Les Restaurants du Cœur."" Sur you- tube

II- Et quelques réactions de lecteurs intéressés comme moi, par l’histoire des téléchargements cueillis / COURTESY sur:
[ http://blog.lefigaro.fr/hightech/2009/01/telechargement-le-gouvernement.html]

« « d_p a dit
Le téléchargement a de nombreux effets positifs, tout dépend de quel point de vue on se place.
** Premièrement, cela permet de plomber les ventes de l'industrie culturelle et de la mettre en faillite à moyen terme.
** Deuxièmement, cela permet de réintroduire dans la conscience populaire la notion de gratuité du culturel, de déprofessionnaliser le culturel. Car avant l'industrie, la culture était l'affaire de tous : tout le monde savait jouer d'un instrument, chanter, conter des histoires, dessiner/sculpter, etc... La culture était quelque chose qui se partageait.
** Troisièmement, le téléchargement permet à pas mal d'artistes de faire connaître leur œuvre, et de ne pas dépendre du bon vouloir des chaines de télé/radio/éditeurs pour visionner/entendre/lire une œuvre.

Pour résumer, l'accès libre à la culture permet la libération de cette culture, la fin du monopole industriel. Un exemple : pour moi et mes potes musiciens, le téléchargement est une source intarissable d'inspirations, de partitions, de vidéos pédagogiques sur des méthodes de jeux, etc... Un contenu d'une telle richesse qu'il aurait fallu débourser des milliers d'euros il y a seulement 10 ans pour avoir l'équivalent.
Alors leur loi à la con de vieux bourgeois inquiets de la fin de leur culture officielle, ils peuvent bien partouser avec. Qu'ils s'amusent à rallonger encore le code civil, à s'embourber dans les méandres de leur droit dans lequel personne pige rien, des millions de français font leur propre droit en ce moment même. )
« « « 23 janvier 2009 12h05
d_p a dit :
@plok :
J'ai jamais dit que le téléchargement était légal, j'ai dit qu'il avait des effets positifs ? Tout ce qui est légal n'est pas moral et inversement, faut s'aérer les neurones de temps en temps. Oui le téléchargement est un délit qui est pratiqué par à peu prêt tous les gens que je connais. Concrètement, les gens n'en ont rien à carrer de la loi, puisqu'il n'y a pas de répression et que ça ne leur pose aucun problème moral. Je soutiens : l'aliénation industrielle légitime le téléchargement. Mais t'inquiètes pas que le droit se pliera bientôt aux usages et que le téléchargement ne sera plus puni (il ne l'a jamais vraiment été).
Le jour ou l'industrie arrêtera d'imposer partout ses standards culturels moisis à la Star Ac', pour laisser le champ à des gens qui ont quelque chose à dire, on verra. Tu sais, j'ai été pendant deux ans programmateur musical d'une radio associative étudiante, et tous les groupes indépendants (ceux qui ont pas de majors derrière eux) poussaient au téléchargement, parce qu'ils savent que l'industrie ne voudra jamais de leur son.
Au sujet de ma "grosse généralité basée sur du vent" : tu as déjà fait deux secondes d'histoire culturelle ? Tu t'es jamais attardé sur des collections de chants populaires anciencs ? Es-tu déjà allé en Afrique ? Ce n'est pas du vent, n'importe quel historien pourrait t'affirmer qu'il existe une culture populaire vivace quand il n'y a pas d'industrie culturelle pour la juguler.
23 janvier 2009 13h21
plok a dit :
@ d_p
On commence à dévier. Je reviens à ton premier commentaire qui m'a bien fait rire:
"Car avant l'industrie, la culture était l'affaire de tous : tout le monde savait jouer d'un instrument, chanter, conter des histoires, dessiner/sculpter, etc..."
J'attends donc que tu me dises PRECISEMENT où et quand une telle société composée d'artistes a existé. Et avec des sources s'il te plait.. » » »
Fin de citations.
Techniquement c’est ce que c’est.

dimanche 10 mai 2009

Quelque égarement et des rêves

« Reposez vous, votre Sainteté, il faut le Glaive du Christ pour en venir à bout de ces détritus ».Commentaire d'un internaute " Scooty"

Sur Libération + (9- 04- 2009), la visite de Benoit XVI est vue d'un angle convenable. Le Pape a tenté de conforter les Juifs notamment après le discours antisémite du Président Iranien, qui a pourtant exprimé sans passion, mais avec fidélité les sentiments des musulmans vis-vis d'Israël et de l'occident. C’est que ce dernier montre une telle impartialité envers les Sionistes, qu'il faut peut -être chercher du côté" de l’histoire", l'origine du conflit. Voilà l'idée principale.

Le Pape a incontestablement effectué un pèlerinage et personnellement je le crois. Mais le problème qui s’est imposé, c’est le lieu géographique. Et je crois dur comme fer qu'on a souvent tenté de lui chercher des poux et à vouloir faire de ses voyages des plans de sauvetage politique in-extremis. Pour preuve l’article sur Libé affirme qu’ "Au cours des derniers jours, la radio des colons israéliens s’en est pris «à l’ancien jeune nazi et au nouveau croisé». Dans une tribune, le quotidien de la droite dure, le Jérusalem Post, a prévenu que le pape allemand, qui a servi dans la Wehrmacht, sera soumis «à un examen implacable durant sa visite. Chaque arrêt ou changement dans son itinéraire, chaque petite phrase ou geste seront étudiés à la loupe.»
Il est difficile de se concentrer sur le pèlerinage, puisque tout est piégé, je serai tentée de penser que l'itinéraire ressemble à celui de Jésus lui - même. Voila la terre de toutes les religions et des rêves célestes - enjoy!

Cependant, le Vatican qui offre un cadre institutionnel religieux parfait semble être aux prises avec les attentes des gens de foi, soient-ils Chrétiens ou d'autres confessions. On a tous tendance à voir et à chercher du côté des crédibles.

Si on peut considérer que la sonate sur le préservatifs fut exagérément caricaturiste tout autant que les images sur le Prophète de l'Islam, on peut passer l'éponge sur les déclarations sur " la foi musulmane proche de la violence". Je peux reconnaitre, que sans être des fous de Dieu présumés, les musulmans ont une foi "violente" synonyme de " infaillible" dans Dieu, synonyme d'Allah. Je suis violemment croyante, je le confirme mais je respecte la foi Chrétienne telle qu'elle se présente. Je crois celui ou celle qui en parle, sans adopter et redire ce qu'il dit. Je bois à cette source, et je ne la volerai pas, et loin de moi l'idée de la transposer, de la polluer ou de l'enterrer.

Autrement dit, je peux dire que là ou les musulmans attendaient des excuses pour la grave atteinte "à leur foi douce et docile"( ils ont oublié- AH les C...- les images du Prophète PSSL), les Sionistes ont déterré la hache nazie pour creuser plus sous Al Aqsa, cerner le Pape et isoler le Hamas et les Palestiniens davantage: ah les ENC...

Dans l'histoire des religions, on affirme que les catholiques ont été les plus fermes vis-à - vis du nouveau monde, et de loin leur histoire au Moyen- orient et autour de Jérusalem principalement- ou le sang par moment a atteint le niveau des genoux- semble être très violente. Il parait qu'ils ont fait des victimes en Andalousie et en Espagne, avec les inquisitions et la Reconquista. Les victimes furent des Juifs et des Musulmans, considérés comme des sorciers, au temps de la chasse aux sorcières. Les violents de foi ont, en effet, excellé en matière de torture pratiquée alors pour arracher des aveux. Les communautés maures, Juives et Musulmanes se sont réfugiés en Afrique du Nord pour
échapper à l'extinction de leurs ethnies. La même extinction se poursuit et s’est fait sous de " nouvelles bannières" en Europe, laquelle se poursuit en Extrême - Orient.

Mais Benoit XVI et le Vatican ne peuvent en aucun cas répondre de ses malheurs que les hommes ( rois, soldats passionnés, pauvres à la recherche de gains, misérables en quête de gloire, et Chefs ecclésiastiques passionnés) ont perpétré en dépit des enseignements religieux.

Des témoignages modernes affirment que l'on veut faire porter au pape le chapeau de toutes ces misères, " on lutte contre le ciel" , en le combattant, car les lois du ciel sont si lourdes à assumer. C'est possible, les hommes s'éloignent de plus en plus du ciel et de ses commandements.

Aujourd’hui , au Moyen-Orient, la confrontation entre Juifs est sur le point de sonner le glas de l’intégrité des hommes. Il s'agit de la campagne des Juifs sionizés qui s'en prennent à la Mosquée de Jérusalem , pour la plupart des colons, des spécialistes en archéologie et histoire, presque fous jouissant de la protection de l'armée et de l'appui des médias d'ici et d'ailleurs . Une campagne qui vise l'extinction de la civilisation Arabe seule.

L'histoire entière, du pèlerinage, à la Reconquista, à la gloire de mes ancêtres m'a inspiré quelques égarements et quelques rêves:

Les Chrétiens sont appelés à arbitrer au Moyen- orient afin de calmer les esprits.(A l'exception des Coptes , occupés à protéger leur industrie porcine, on les comprend, que vont-ils bouffer?...ils ont tout compris).

Pour remercier les Chrétiens, les Arabes seront peut-être appelés à arbitrer en Géorgie, il parait que leur ancêtres ont planté des choux là bas.

Les Juifs seront probablement appelés à arbitrer en Afghanistan, ou entre le Pakistan et ses voisins. On dit que Zardari et Netanyahu sont cousins Germaniques.

Comme vous le voyez, les voies du ciel sont incommensurables!

Ainsi, au moins, on cessera de faire porter le chapeau à une seule et unique personne, lorsque les systèmes se pourrissent, les âmes libres et combattantes sombrent dans l'indolence et les intellectuels prodiges font dans le parrainage du luxe et du strass.

samedi 9 mai 2009

No comment/Article datant de 2004 plus qu'actuel, à lire et diffuser

N'a-t-on pas vu des politiciens et des intellectuels affirmer
que l'école est d'abord là pour "former des citoyens"?.

Derrière la Loi foulardière, la peur,
par Alain Badiou
LE MONDE | 21.02.04 |

> 1. D'aimables républicaines et républicains arguèrent un jour
qu'il fallait une loi pour interdire tout foulard sur les
cheveux des filles. A l'école d'abord, ailleurs ensuite,
partout si possible. Que dis-je, une loi ? Une Loi ! Le
président de la République était un politicien aussi limité
qu'insubmersible. Totalitairement élu par 82 % des électeurs,
dont tous les socialistes, gens parmi lesquels se recrutaient
nombre des aimables républicain(e)s en question, il opina du
bonnet : une loi, oui, une Loi contre le petit millier de
jeunes filles qui mettent le susdit foulard sur leurs cheveux.
Les pelées, les galeuses ! Des musulmanes, en plus ! C'est ainsi
qu'une fois de plus, dans la ligne de la capitulation de Sedan,
de Pétain, de la guerre d'Algérie, des fourberies de
Mitterrand, des lois scélérates contre les ouvriers sans
papiers, la France étonna le monde. Après les tragédies, la
farce.
> 2. Oui, la France a enfin trouvé un problème à sa mesure : le
foulard sur la tête de quelques filles. On peut le dire, la
décadence de ce pays est stoppée. L'invasion musulmane, de
longtemps diagnostiquée par Le Pen, aujourd'hui confirmée par
des intellectuels indubitables, a trouvé à qui parler. La
bataille de Poitiers n'était que de la petite bière, Charles
Martel, un second couteau. Chirac, les socialistes, les
féministes et les intellectuels des Lumières atteints
d'islamophobie gagneront la bataille du foulard. De Poitiers au
foulard, la conséquence est bonne, et le progrès considérable.
> 3. A cause grandiose, arguments de type nouveau. Par exemple
: le foulard doit être proscrit, qui fait signe du pouvoir des
mâles (le père, le grand frère) sur ces jeunes filles ou
femmes. On exclura donc celles qui s'obstinent à le porter. En
somme : ces filles ou femmes sont opprimées. Donc, elles seront
punies. Un peu comme si on disait : "Cette femme a été violée,
qu'on l'emprisonne". Le foulard est si important qu'il mérite
une logique aux axiomes renouvelés.
> 4. Ou, au contraire : ce sont elles qui veulent librement le
porter, ce maudit foulard, les rebelles, les coquines ! Donc,
elles seront punies. Attendez : ce n'est pas le signe d'une
oppression par les mâles ? Le père et le grand frère n'y sont
pour rien ? D'où vient qu'il faut l'interdire, alors, ce foulard
? C'est qu'il est ostentatoirement religieux. Ces coquines
"ostentent" leur croyance. Au piquet, na !
> 5. Ou c'est le père et le grand frère, et féministement le
foulard doit être arraché. Ou c'est la fille elle-même selon sa
croyance, et "laïcisement" il doit être arraché. Il n'y a pas
de bon foulard. Tête nue ! Partout ! Que tout le monde, comme
on disait autrefois - même les pas-musulmanes le disaient -
sorte "en cheveux".
> 6. Notez bien que le père et le grand frère de la fille au
foulard ne sont pas de simples comparses parentaux. On l'insinue
souvent, parfois on le déclare : le père est un ouvrier abruti,
un pauvre type directement "venu du bled" et commis aux chaînes
de Renault. Un archaïque. Mais stupide. Le grand frère deale le
shit. Un moderne. Mais corrompu. Banlieues patibulaires.
Classes dangereuses.
> 7. La religion musulmane ajoute aux tares des autres
religions celle-ci, gravissime : elle est, dans ce pays, la
religion des pauvres.
> 8. Imaginons le proviseur d'un lycée, suivi d'une escouade
d'inspecteurs armés de centimètres, de ciseaux, de livres de
jurisprudence : on va vérifier aux portes de l'établissement si
les foulards, kippas et autres couvre-chefs sont
"ostentatoires". Ce foulard grand comme un timbre poste perché
sur un chignon ? Cette kippa comme une pièce de deux euros ?
Louche, très louche. Le minuscule pourrait bien être
l'ostentation du majuscule. Mais, que vois-je ? Gare ! Un
chapeau haut de forme ! Hélas ! Mallarmé, interrogé sur le
chapeau haut de forme, l'a dit : "Qui a mis rien de pareil ne
peut l'ôter. Le monde finirait, pas le chapeau." Ostentation
d'éternité.
> 9. La laïcité. Un principe inoxydable ! Le lycée d'il y a
trois ou quatre décennies : interdiction de mélanger les sexes
dans la même classe, pantalon décommandé aux filles,
catéchisme, aumôniers. La communion solennelle, avec les gars en
brassard blanc et les mignonnes sous le voile de tulle. Un vrai
voile, pas un foulard. Et vous voudriez que je tienne pour
criminel ce foulard ? Ce signe d'un décalage, d'un remuement,
d'un enchevêtrement temporel ? Qu'il faille exclure ces
demoiselles qui mêlent agréablement hier et aujourd'hui ?
Allez, laissez faire la broyeuse capitaliste. Quels que soient
les allers et retours, les repentirs, les venues ouvrières du
lointain, elle saura substituer aux dieux morts des religions le
gras Moloch de la marchandise.
> 10. Au demeurant, n'est-ce pas la vraie religion massive,
celle du commerce ? Auprès de laquelle les musulmans convaincus
font figure de minorité ascétique ? N'est-ce pas le signe
ostentatoire de cette religion dégradante que ce que nous
pouvons lire sur les pantalons, les baskets, les tee-shirts :
Nike, Chevignon, Lacoste,... N'est-il pas plus mesquin encore
d'être à l'école la femme sandwich d'un trust que la fidèle
d'un Dieu ? Pour frapper au coeur de la cible, voir grand, nous
savons ce qu'il faut : une loi contre les marques. Au travail,
Chirac. Interdisons sans faiblir les signes ostentatoires du
Capital.
> 11. Qu'on m'éclaire. La rationalité républicaine et féministe
de ce qu'on montre du corps et de ce qu'on ne montre pas, en
différents lieux et à différentes époques, c'est quoi ? Que je
sache, encore de nos jours, et pas seulement dans les écoles, on
ne montre pas le bout des seins ni les poils du pubis, ni la
verge. Devrais-je me fâcher de ce que ces morceaux soient
"dérobés aux regards" ? Soupçonner les maris, les amants, les
grands frères ? Il y a peu dans nos campagnes, encore de nos
jours en Sicile et ailleurs, les veuves portent fichus noirs,
bas sombres, mantilles. Il n'y a pas besoin pour cela d'être la
veuve d'un terroriste islamique.
> 12. Curieuse, la rage réservée par tant de dames féministes
aux quelques filles à foulard, au point de supplier le pauvre
président Chirac, le soviétique aux 82 %, de sévir au nom de la
Loi, alors que le corps féminin prostitué est partout, la
pornographie la plus humiliante universellement vendue, les
conseils d'exposition sexuelle des corps prodigués à longueur
de page dans les magazines pour adolescentes.
> 13. Une seule explication : une fille doit montrer ce qu'elle
a à vendre. Elle doit exposer sa marchandise. Elle doit indiquer
que désormais la circulation des femmes obéit au modèle
généralisé, et non pas à l'échange restreint. Foin des pères et
grands frères barbus ! Vive le marché planétaire ! Le modèle,
c'est le top modèle.
> 14. On croyait avoir compris qu'un droit féminin intangible
est de ne se déshabiller que devant celui (ou celle) qu'on a
choisi (e) pour ce faire. Mais non. Il est impératif d'esquisser
le déshabillage à tout instant. Qui garde à couvert ce qu'il
met sur le marché n'est pas un marchand loyal.
> 15. On soutiendra ceci, qui est assez curieux : la loi sur le
foulard est une loi capitaliste pure. Elle ordonne que la
féminité soit exposée. Autrement dit, que la circulation sous
paradigme marchand du corps féminin soit obligatoire. Elle
interdit en la matière - et chez les adolescentes, plaque
sensible de l'univers subjectif entier - toute réserve.
> 16. On dit un peu partout que le "voile" est l'intolérable
symbole du contrôle de la sexualité féminine. Parce que vous
imaginez qu'elle n'est pas contrôlée, de nos jours, dans nos
sociétés, la sexualité féminine ? Cette naïveté aurait bien
faire rire Foucault. Jamais on n'a pris soin de la sexualité
féminine avec autant de minutie, autant de conseils savants,
autant de discriminations assénées entre son bon et son mauvais
usage, La jouissance est devenue une obligation sinistre.
L'exposition universelle des morceaux supposés excitants, un
devoir plus rigide que l'impératif moral de Kant. Au demeurant,
entre le "Jouissez, femmes !" de nos gazettes et l'impératif
"Ne jouissez pas !" de nos arrière-grands-mères, Lacan a de
longue date établi l'isomorphie. Le contrôle commercial est
plus constant, plus sûr, plus massif que n'a jamais pu l'être le
contrôle patriarcal. La circulation prostitutionnelle
généralisée est plus rapide et plus fiable que les
difficultueux enfermements familiaux, dont la mise à mal, entre
la comédie grecque et Molière, a fait rire pendant des siècles.
> 17. La maman et la putain. On fait dans certains pays des
lois réactionnaire pour la maman et contre la putain, dans
d'autres, des lois progressistes pour la putain et contre la
maman. C'est cependant l'alternative qu'il faudrait récuser.
> 18. Non pas toutefois par le "ni... ni...", qui ne fait jamais
que perpétuer en terrain neutre (au centre, comme Bayrou ?) ce
qu'il prétend contester. "Ni maman ni putain", cela est
tristounet. Comme "ni pute ni soumise", lequel est au demeurant
absurde : une "pute" n'est-elle pas généralement soumise, oh
combien ? On les appelait, autrefois, des respectueuses. Des
soumises publiques, en somme. Quant aux "soumises", elles ne
sont peut-être que des putains privées.
> 19. On y revient toujours : l'ennemi de la pensée,
aujourd'hui, c'est la propriété, le commerce, des choses comme
des âmes, et non la foi. On dira bien plutôt que c'est la foi
(politique) qui manque le plus. La "montée des intégrismes"
n'est que le miroir dans lequel les Occidentaux repus
considèrent avec effroi les effets de la dévastation des
consciences à laquelle ils président. Et singulièrement la
ruine de la pensée politique, qu'ils tentent partout
d'organiser, tantôt sous couvert de démocratie insignifiante,
tantôt à grand renfort de parachutistes humanitaires. Dans ces
conditions, la laïcité, qui se prétend au service des savoirs,
n'est qu'une règle scolaire de respect de la concurrence, de
dressage aux normes "occidentales" et d'hostilité à toute
conviction. C'est l'école du consommateur cool, du commerce
soft, du libre propriétaire et du votant désabusé.
> 20. On ne s'extasiera jamais assez sur la trajectoire de ce
féminisme singulier qui, parti pour que les femmes soient
libres, soutient aujourd'hui que cette "liberté" est si
obligatoire qu'elle exige qu'on exclue des filles (et pas un
seul garçon !) du seul fait de leur apparat vestimentaire.
> 21. Tout le jargon sociétal sur les "communautés" et le
combat aussi métaphysique que furieux entre "la République" et
"les communautarismes", tout cela est une foutaise. Qu'on
laisse les gens vivre comme ils veulent, ou ils peuvent, manger
ce qu'ils ont l'habitude de manger, porter des turbans, des
robes, des voiles, des minijupes ou des claquettes, se
prosterner à toute heure devant des dieux fatigués, se
photographier les uns les autres avec force courbettes ou
parler des jargons pittoresques. Ce genre de "différences"
n'ayant pas la moindre portée universelle, ni elles n'entravent
la pensée, ni elles ne la soutiennent. Il n'y a donc aucune
raison, ni de les respecter, ni de les vilipender. Que
"l'Autre", - comme disent après Levinas les amateurs de
théologie discrète et de morale portative - vive quelque peu
autrement, voilà une constatation qui ne mange pas de pain.
> 22. Quant au fait que les animaux humains se regroupent par
provenance, c'est une conséquence naturelle et inévitable des
conditions le plus souvent misérables de leur arrivée. Il n'y a
que le cousin, ou le compatriote de village, qui peut, volens
nolens, vous accueillir au foyer de St Ouen l'Aumône. Que le
chinois aille là où il y a déjà des Chinois, il faut être obtus
pour s'en formaliser.
> 23. Le seul problème concernant ces "différences culturelles"
et ces "communautés" n'est certes pas leur existence sociale,
d'habitat, de travail, de famille ou d'école. C'est que leurs
noms sont vains là où ce dont il est question est une vérité,
qu'elle soit d'art, de science, d'amour ou, surtout, de
politique. Que ma vie d'animal humain soit pétrie de
particularités, c'est la loi des choses. Que les catégories de
cette particularité se prétendent universelles, se prenant ainsi
au sérieux du Sujet, voilà qui est régulièrement désastreux. Ce
qui importe est la séparation des prédicats. Je peux faire des
mathématiques en culotte de cheval jaune et je peux militer
pour une politique soustraite à la "démocratie" électorale avec
une chevelure de Rasta. Ni le théorème n'est jaune (ou
non-jaune), ni le mot d'ordre qui nous rassemble n'a de tresses.
Non plus d'ailleurs qu'il n'a d'absence de tresses.
> 24. Que l'école soit, dit-on, fort menacée par une
particularité aussi insignifiante que le foulard de quelques
filles amène à soupçonner que ce n'est jamais de vérité qu'il y
est question. Mais d'opinions, basses et conservatrices.
N'a-t-on pas vu des politiciens et des intellectuels affirmer
que l'école est d'abord là pour "former des citoyens"? Sombre
programme. De nos jours, le "citoyen" est un petit jouisseur
amer, cramponné à un système politique dont tout semblant de
vérité est forclos.
> 25. Ne serait-on pas préoccupé, en haut et bas lieu, de ce que
nombre de filles d'origine algérienne, marocaine, tunisienne,
le chignon bien serré, la mine austère, acharnées au travail,
composent, avec quelques Chinois non moins vissés à l'univers
familial, de redoutables têtes de classe ? De nos jours, il y
faut pas mal d'abnégation. Et il se pourrait que la Loi du
soviétique Chirac aboutisse à l'exclusion tapageuse de quelques
excellentes élèves.
> 26. "Jouir sans entraves", cette ânerie soixante-huitarde,
n'a jamais fait tourner à haut régime le moteur des savoirs.
Une certaine dose d'ascétisme volontaire, on en connaît la
raison profonde depuis Freud, n'est pas étrangère au voisinage
de l'enseignement et d'au moins quelques rudes fragments de
vérités effectives. De sorte qu'un foulard, après tout, peut
servir. Là où désormais le patriotisme, cet alcool fort des
apprentissages, fait entièrement défaut, tout idéalisme, même
de pacotille, est le bienvenu. Pour qui du moins suppose que
l'école est autre chose que la "formation" du
citoyen-consommateur.
> 27. En vérité, la Loi foulardière n'exprime qu'une chose :
la peur. Les Occidentaux en général, les Français en
particulier, ne sont plus qu'un tas frissonnant de peureux. De
quoi ont-ils peur ? Des barbares, comme toujours. Ceux de
l'intérieur, les "jeunes des banlieues"; ceux de l'extérieur,
les "terroristes islamistes". Pourquoi ont-ils peur ? Parce
qu'ils sont coupables, mais se disent innocents. Coupables
d'avoir, à partir des années 1980, renié et tenté d'anéantir
toute politique d'émancipation, toute raison révolutionnaire,
toute affirmation vraie d'autre chose que ce qu'il y a.
Coupables de se cramponner à leurs misérables privilèges.
Coupables de n'être plus que de vieux enfants qui jouent avec ce
qu'ils achètent. Eh oui, "dans une longue enfance on les a fait
vieillir". Aussi ont-ils peur de tout ce qui est un peu moins
vieux qu'eux. Par exemple, une demoiselle entêtée.
> 28. Mais surtout, Occidentaux en général et Français en
particulier ont peur de la mort. Ils n'imaginent même plus
qu'une Idée puisse valoir qu'on prenne pour elle quelques
risques. "Zéro mort", c'est leur plus important désir. Or, ils
voient partout dans le monde des millions de gens qui n'ont
aucune raison, eux, d'avoir peur de la mort. Et, parmi eux,
beaucoup, presque chaque jour, meurent au nom d'une Idée. Cela
est pour le "civilisé" la source d'une intime erreur.
> 29. Et je sais bien que les Idées pour lesquelles on accepte
aujourd'hui de mourir ne valent en général pas cher. Convaincu
que tous les dieux ont de longue date déclaré forfait, je me
désole de ce que de jeunes hommes, de jeunes femmes,
déchiquettent leurs corps dans d'affreux massacres sous la
funèbre invocation de ce qui depuis longtemps n'est plus. Je
sais en outre qu'ils sont instrumentés, ces "martyrs"
redoutables, par des comploteurs peu discernables de ceux
qu'ils prétendent abattre. On ne redira jamais assez que Ben
Laden est une créature des services américains. Je n'ai pas la
naïveté de croire à la pureté, ni à la grandeur, ni même à une
quelconque efficacité, de ces tueries suicidaires.
> 30. Mais je dis que ce prix atroce est d'abord payé à la
destruction minutieuse de toute rationalité politique par les
dominants d'Occident, entreprise que n'ont rendue aussi
largement praticable que l'abondance, notamment en France, des
complicités intellectuelles et populaires. Vous vouliez avec
acharnement liquider jusqu'au souvenir de l'Idée de révolution
? Déraciner tout usage, même allégorique, du mot "ouvrier"? Ne
vous plaignez pas du résultat. Serrez les dents, et tuez les
pauvres. Ou faites-les tuer par vos amis américains.
> 31. On a les guerres qu'on mérite. Dans ce monde transi par
la peur, les gros bandits bombardent sans pitié des pays
exsangues. Les bandits intermédiaires pratiquent l'assassinat
ciblé de ceux qui les gênent. Les tout petits bandits font des
lois contre les foulards.
> 32. On dira que c'est moins grave. Certes. C'est moins grave.
Devant feu le Tribunal de l'Histoire, nous obtiendrons les
circonstances atténuantes : "Spécialiste des coiffures, il n'a
joué dans l'affaire qu'un petit rôle".

> Alain Badiou est philosophe, écrivain et professeur à l'école
normale supérieure.
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 22.02.04