mardi 28 juillet 2009

Bilan d'été pour un pays livré au dérapage

Alors que le week-end des banques et des administrations sera vendredi-samedi
La poste et l’éducation nationale en attente d’une décision
28-07-2009

Photo : Riad Par Nabila Belbachir

Désormais, les Algériens se reposeront les vendredis et samedis au lieu des jeudis et vendredis, comme c’est le cas depuis plus de trente ans. Cette décision gouvernementale entrera en vigueur à partir du 14 août prochain. De quelle manière ce week-end mixte est-il conçu par les citoyens ? S’il est bénéfique pour la sphère économique, qu’en est-il de la sphère sociale ? Les avis convergent vers le mécontentement, affiché du reste par rapport à cette décision. La plupart des personnes s’interrogent sur la journée du vendredi : travaillée ou chômée ? Notre virée, hier au niveau de certaines banques, services des assurances, pharmacies et autres types de commerces dans la capitale démontre l’insatisfaction, le mécontentement et surtout l’inquiétude de ces derniers quant au nouveau rythme de leur repos hebdomadaire. La population, mis à part les économistes, reste réticente aux changements qui vont être introduits dans leur mode de vie et habitudes. Quant au personnel des banques, il estime que ce changement n’aura aucun impact ni sur l’activité professionnelle ni sur les habitudes sociales, mais émet toutefois le souhait de l’introduction du vrai week-end universel, samedi et dimanche, au lieu du vendredi et samedi. «Le secteur bancaire continuera à fonctionner comme il le fait, du dimanche au jeudi», indique le directeur d’une agence de la Banque extérieure d’Algérie, qui a voulu garder l’anonymat. Idem pour les services des assurances : «Du dimanche au jeudi, aucun changement dans notre rythme de travail et de vie», dira un responsable d’une agence nationale des assurances à Alger. S’agissant du secteur éducatif, aucune décision n’a été encore prise à ce sujet. «Pour le secteur de l’éducation, rien n’est encore arrêté», selon une source dans le domaine. D’ailleurs, apprend-on, une réunion est prévue dans les prochains jours afin de fixer le nouveau calendrier. Pour le cycle du primaire, rien ne devrait changer dans la mesure où depuis déjà une année, il n’y a pas cours le jeudi. Et la reprise sera pour le dimanche. Tandis que pour les cycles moyen et secondaire, il est possible qu’il y ait cours le vendredi matin. Reste à savoir qu’en sera-t-il du repos du lundi après-midi ?
Y aura-t-il du nouveau ? Pas de réponse pour le moment. On attend la réunion décisive à ce sujet pour avoir plus d’explications et de détails. Pour l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, c’est trop tôt pour déterminer quels seront les changements qui vont être introduits.
Le secteur de la poste et des technologies de l’information et de la communication, quant à lui, et selon le personnel d’une poste au niveau d’Alger, on apprend qu’aucune note n’a été prise en ce sens, mais l’on s’interroge, toutefois, sur l’emploi du temps du vendredi. «Travaillera-t-on seulement la matinée du vendredi ou toute la journée en sachant que la plupart sécheront l’après-midi ?», s’interroge le personnel, d’autant que «l’Algérien s’est habitué à se reposer après la prière du vendredi». Mais selon un responsable d’Algérie Poste, «la poste ouvrira ses portes dorénavant le vendredi matin et sera fermée à l’heure de la prière jusqu’à dimanche». Quant aux pharmacies et autres commerces rien n’est encore décidé. Ce qui est sûr c’est que la majorité est d’accord pour ne pas ouvrir vendredi et s’ils ouvrent c’est juste pour la matinée. Il y a lieu de noter que l’aménagement et la répartition des horaires de travail dans les institutions et administations publiques, fixés du dimanche à jeudi ont été déterminés par le décret exécutif n°09-244 du 22 juillet 2009, modifiant le décret exécutif n°97-59 du 09 mars 1997. Les horaires dans les conditions normales de travail sont fixés de 8h00 à 12h00 et de 13h00 à 16h30. Il est prévu une heure de pause entre 12h00 et 13h00. Alors que pour le sud du pays, à savoir les wilayas d’Adrar, Tamanrasset, Illizi, Tindouf, Béchar, Ouargla, Ghardaïa, Laghouat, Biskra et El Oued, l’aménagement des horaires de travail est fixé, durant la période allant du 1er juin au 30 septembre, les horaires de travail sont fixés de 7h00 à 12h00 et de 12h30 à 15h00. Par ailleurs, en optant pour les journées de vendredi et samedi comme week-end, l’Algérie devient ainsi le treizième pays arabe à adopter cette décision. A titre d’information, avant l’Algérie, les Emirats arabes unis, la Syrie, le Soudan, la Mauritanie, le Qatar, Bahreïn, le Koweït, l’Irak, la Jordanie, la Libye et l’Egypte avaient adopté le week-end semi-universel (vendredi et samedi). L’Arabie saoudite reste ainsi le dernier pays arabe à maintenir les jeudi et vendredi comme week-end hebdomadaire. Dans le monde arabe, seuls le Maroc et la Tunisie ont un week-end universel, à savoir samedi et dimanche.


-----------COMMENTAIRE





- Silence à l'assemblée, on se prépare au pire, aprés les célébrations du 5 Juillet dans le faste et les masques, on se reposera plus les vendredi et Jeudi, ce sera le Samedi pour prier , et tant pis pour le nif, la souveraineté et les anciens, et pour Vendredi qui sera coupé...pour voir.

- Silence dans les lieux de culte, la rue, les stades, et les plages, car les chomeurs peuvent prier tous les jours, Allah ghaleb, les hommes ont fait ce qu'ils ont pu.Du donnant pour rien. Les décisions continuent à sortir du même trou noir, ou la démocatie esT synonyme du seul droit de se taire.

- Déja le Ministère du couffin de Ramdhan, renforce ses bases, on pense au peuple qui doit avant tout manger , et au fameux 3-2-5 local ...grâce à la magestic minority qui se vautre au pouvoir et qui ne le lachera pas ...à ces colones qui gardent de prés des opportunistes - payés chomants - techniciens au pied de la princesse de la gabégie...celle qui a battu le monstre extremiste, vaincu les velleités séparatistes et fortifié tous les goulags.

-Vive le système financier international, il est le seul capable de trancher en cas de doutes.Il collecte l'argent, sait le fructifier. TOut se fait autour de cette gestion....
Pour les autres, attendez le Messie, ce 27 jour du destin.

NB/ ne m'en voulez pas, pour le patois clair, je viens de sniffer de la farine d'orge de montagnes libres produite par des oubliés qui suent tous les jours, pour le repos et la prière du vendredi... ça vous remet les pendules à l'heure.

samedi 4 juillet 2009

Quand " Deterrent " en Pakistanais, veut dire guerre préventive en Américain.

Les questions suivantes sont liées à l'interview qui suivra...


- Pourquoi, si l'on est sioniste- comme un fait avéré, déclaré- n'a-t- on pas le droit de porter un regard critique sur le monde arabe et musulman (supposé impartial et sans haine!) , sans être lynché sur le Net...Nous avons, en tant internautes mis notre nez partout ou l’injustice a été flairée, encouragé les manifs contre les Israéliens, et surtout le mouvement des Refusniks ...ce qui a aidé certains racistes à se voir sur un miroir? Et en plus, arraché le droit de dire que la guerre contre tous les Sionistes est à enclencher?

- Pourquoi, si on est Sioniste, doit-on défendre sa Judaité tout le temps, ou blatérer contre l'anti-sémitisme ?

- Pourquoi, dans cette interview, ou dans toute polémique "philosophante" (qui sonne comme industrialisante), on oublie d'étudier la possibilité que cet Etat Sioniste d’occupation, qui tue des civils et de enfants, va se désintégrer en raison de son incapacité intérieure à gérer sa vie économique et politique, plutôt qu'en raison de son voisinage hostile? Serait-t-il au dessus des crises qui secouent le monde plus ouvert su les thèses de l'hostilité du voisinage?

- Pourquoi est-ce qu'aucune question n'a lié le dilemme du Sionisme- Judaïsme, à l'idée forte- raciste , avancée par les dirigeants Israéliens, que les Palestiniens devraient (obligatoirement) reconnaitre d'abords_ et avant toute tentative de bien considérer la question des relations entre les deux supposés Etats ( Palestinien: non reconnu par les Israéliens, et Israélien non reconnu par quelques autres)_ et jurer par le statut Juif de l'état d'Israél? Cela signifie-t- il, qu'Israél n’est pas Sioniste? Que toutes ces années, les Palestiniens ont été exterminés plus lentement que les Musulmans en Irak et en Afghanistan, mais plus systématiquement, pour d'autres raisons que les "projets sionistes"? Par exemple, pour perpétuer les vieux projets de colonisation à l'occidentale? Ces projets se profilant- ils encore et encore, alors que les tendances à l'anti- Juif refont surface en Europe et dans le monde arabe pour justifier la fièvre de la seconde Guerre mondiale?

- Et pourquoi ne pas creuser l'idée (rapport direct entre politique en Palestine occupée et USA) , que l'ère Bush , qui n' a rien fait gagner aux américains sur les plans socio-économique, confortée par le 11-9, a ouvert les portes de l'enfer sur le monde, avec l'invasion de l'Irak et l'Afghanistan, et entrainé tout l'occident dans une aventure désastreuse? Pourquoi ne pas ajouter que cette politique se poursuit autrement? Certes, il n'a ya plus le libellé "guerre préventive " affectionné par Bush; mais des nouveaux justiciers comme Zardari, ont parlé de "detterent measure " en massacrant les réfugiés Afghans de la vallée de Swat. Ce qui revient au même. ..


La fuite en avant occidentale: campagne médiatique contre l'Iran, tribunal contre le Président Soudanais (qui doit être jugé par les siens, s'il est coupable), soutien à Israël sans bornes, n'aidera pas à trouver un équilibre. Des vents de grave injustice frappent le monde depuis les guerres du Golf, aux campagnes contre l'Afghanistan. Ils créent une situation de déséquilibres latents, de comportements de dictateurs ingrats et de conduites que ni la morale ni le bon sens ne sauraient tolérer. Et il ne faut surtout pas croire ni prétendre qu'une communauté religieuse donnée, ou qu'un lobby donné, sont à même de trouver les solutions adéquates, si la sagesse était de mise. Il faut une justice à secouer les montagnes, pour que tout ce mal honteux s’efface partout.




Entretien avec l'historien Paul-Eric Blanrue

A l'occasion de la parution de son dernier livre, l'historien Paul-Eric Blanrue a accepté de répondre à nos questions. Internet est un des moyens d'échapper à la censure démocratique et libérale qui consiste à promulguer la liberté sauf quand cette liberté dérange. Le dernier
ouvrage de Blanrue, Sarkozy, Israël et les juifs, est ainsi publié par un éditeur belge et non diffusé en France par le diffuseur de cet éditeur, pas davantage que par les traditionnels éditeurs français de Blanrue. Pourtant, il ne s'agit pas d'un livre tombant sous le coup de
la loi française, ni d'un livre à caractère raciste. Dès lors, il faut se poser la vraie question de cette curieuse omerta : si Blanrue dérange, pourquoi? Serait-ce parce qu'il raconte n'importe quoi? Dans ce cas, il ne sera pas ainsi censuré. Parce qu'il commet quelques erreurs? Qui ne commet pas d'erreurs? Au demeurant, factuellement, son livre paraît si peu attaquable que ceux qui s'y sont essayés se sont cassés les dents ou ont produit des raisons peu raisonnables. La réponse me paraît résider dans l'entretien qui suit, où Blanrue montre que la qualité de sa réflexion se situe très au-dessus des interventions des experts officiels des médias de France, d'Europe ou d'Occident (au sens étymologique, mais aussi au sens des pays de
l'OTAN). On pourra aussi se procurer avec profit son ouvrage par Internet, au site suivant :
http://www.oserdire.com/

1) Vous faites (justement) la distinction entre judaïsme et sionisme,
quasiment pas entre sionisme et engagement pro-israélien. Pensez-vous
vraiment que l’idéologie sioniste s’est dissoute avec la création
d’Israël ou ne faut-il pas estimer que la création de cet Etat a
renforcé le sionisme, avec (notamment) un nouveau combat : la défense
des valeurs israéliennes ?

Blanrue : On peut gloser à l’infini sur la définition des mots, mais je
préfère rester simple et concret. Le sionisme d’antan (disons celui de
Herzl, qui consistait à créer un « foyer national pour les juifs »)
n’est plus le même que celui d’aujourd’hui, ne serait-ce que parce
qu’il y a eu entre-temps, en 1948, la création de l’État d’Israël.
C’est un fait. Certains universitaires construisent des théories sur le
« post-sionisme ». Pour ma part, je considère que le vocable d’origine
est toujours pertinent, puisque les militants pro-israéliens eux-mêmes
l’utilisent et s’en revendiquent, comme la Wizo (Women’s international
zionist organisation), la Fédération des sionistes de France, des
personnalités éminentes comme Patrick Klugman, cofondateur de SOS
Racisme et ancien président de l’UEJF (Union des étudiants juifs de
France), ou encore, pour l’Amérique, un personnage tel que Joe Biden,
l’actuel vice-président des États-Unis. Maintenant, que mettre dans ce
mot ? Je définis le sionisme présent comme l’idéologie politique de
l’État d’Israël, étant compris comme l’État juif (ou des juifs), quels
que soient les gouvernants qui se succèdent à sa tête. C’est une
mystique laïque qui double la religion juive traditionnelle - ce qui
amène, à juste titre, certains rabbins à se déclarer antisionistes, à
l’image des religieux juifs de l’époque de Herzl qui avaient compris
d’instinct la dérive qu’allait entraîner cette nouvelle idéologie. Le
sionisme d’aujourd’hui réside donc selon moi, essentiellement, dans le
fait de lier intimement son identité personnelle au destin de l’État
juif. Il n’est ainsi nul besoin d’être d’origine juive pour être
sioniste : on le constate avec les évangélistes américains, dont
certains sont même de farouches antisémites qui nourrissent des
attentes eschatologiques. Il faut ainsi reconnaître que la création
d’Israël a considérablement renforcé le sionisme tel que je le définis,
en lui conférant une orientation nouvelle, celle de renforcer l’assise
d’un État et son expansion par tous les moyens.

2) Que pensez-vous du travail de l’historien Shlomo Sand, qui dissocie
la mythologie sioniste s’appuyant sur les récits du Pentateuque de
l’histoire factuelle, notablement différente (et plus compréhensible) ?
Sand confirme en particulier deux processus capitaux : le judaïsme des
premiers siècle chrétiens était prosélyte ; les origines des deux
principaux foyers du sionisme émanent de ces conversions, via les
Ashkénazes d’Europe centrale et les Sépharades issus pour partie de
foyers germains. En gros, le judaïsme serait un monothéisme enraciné
dans l’histoire occidentale plus qu’orientale…

Blanrue : Avant d’évoquer les travaux de Sand, il convient de rappeler
qu’il est déraisonnable et absurde de réclamer la restitution d’un
territoire prétendument perdu il y a 2000 ans : si chaque peuple
entretenait de telles chimères, la géographie politique du monde serait
bouleversée à chaque instant et une nouvelle guerre éclaterait à chaque
seconde. L’intérêt des travaux de Sand est d’en appeler à la raison :
il démontre que la revendication sioniste du « retour » est illégitime
d’un point de vue factuel. À s’en tenir aux données historiques, les
véritables descendants des juifs du Ier siècle sont les actuels
Palestiniens. On peut aller plus loin que Sand dans la déconstruction,
pour employer le mot fétiche de Jacques Derrida ; je vous engage à
lire, à ce propos, les livres de l’archéologue Israël Finkelstein, qui
réduit à néant les prétentions historiques de la Thora (La Bible
dévoilée, par exemple), ou ceux de l’universitaire Thomas Thompson (The
Mythic Past, The Messiah Myth, etc.), qui démontre que le Temple de
Salomon ou les aventures du roi David ne sont que de pieuses légendes
compilées tardivement. « Monothéisme occidental », dites-vous : c’est à
voir… Il n’y a certes pas de pureté des origines dans la religion
juive. Orientale de prime abord, la religion juive antique est un
phénomène syncrétique. Ainsi, la prétention de cette religion à être le
berceau du monothéisme n’est pas acceptable d’un point de vue
historique. La Thora amalgame des mythes sumériens, égyptiens,
mésopotamiens, sans oublier l’apport grec et perse pour ce qui est,
précisément, de la construction du Dieu unique : dans la Thora, on ne
passe que progressivement d’un polythéisme implicite, à tendance
monolâtrique, à un monothéisme explicite. La tendance la plus
universaliste du judaïsme, celles de Prophètes, a engendré le
christianisme ; la tendance antigréciste a donné le judaïsme
talmudique, qui s’éloigne du judaïsme mosaïque ancien et a créé une
forme nouvelle de religion, celle des rabbins et des synagogues, qui
aura tendance à se refermer sur elle-même. Les rabbins de l’époque
médiévale ne lisent pas le Nouveau testament et n’ont qu’une faible
connaissance de la civilisation chrétienne. « L’occidentalisation » de
la culture juive est donc très relative. Le judaïsme des 2000 dernières
années est aussi une ablation de « l’Occident ». Sand, lui, parle de la
fabrication du concept de « peuple juif ». C’est autre chose. Il
démontre qu’il n’existe pas de « peuple juif » d’un point de vue
objectif. Cette idée apparaît, comme le sionisme, à une époque récente
et se forge dans le cadre « occidental ». Ce qui démontre que le
concept de peuple juif n’a rien à voir avec celui de religion juive,
plus ancienne et orientale-syncrétique. Cela ne fait pas pour autant du
judaïsme un occidentalisme. Pour moi, qui suis rationaliste, le
judaïsme doit d’abord et avant tout être considéré comme une religion,
contrairement à ce que prétendait Herzl hier ou BHL aujourd’hui, car
c’est ce qu’il est objectivement. Herzl lui-même était agnostique et
considérait que les croyances ancestrales de ce qu’il définissait comme
son peuple, son ethnie ou sa race, ne constituaient qu’un outil de
propagande utile destiné à encourager les juifs à quitter leurs pays
pour rejoindre un « foyer juif » (qui n’était d’ailleurs pas forcément
situé en Palestine à l’origine). Le sionisme a peu à peu effacé la
religion juive des pères. L’Israël politique n’a pas sécularisé une
religion : il l’a détournée de son sens.


3) On glose souvent sur le sionisme qui dominerait l’Occident,
notamment les Etats-Unis et l’Union européenne. Le boycott de votre
dernier ouvrage semble confirmer cette tendance. Le silence complice
des instances occidentales lors de l’opération honteuse et sanglante de
Gaza également. Pourtant, quand on analyse l’histoire du sionisme, on
se rend compte que le sionisme a d’abord été créé par des hérésies
protestantes comme les restaurationnistes. Vu votre connaissance des
réseaux sionistes français, ne pensez-vous pas qu’il conviendrait
plutôt de renverser l’analyse et de proposer que le sionisme est
l’enfant – ingérable, capricieux et gâté – de l’Occident impérialiste ?
Israël serait ainsi l’un des visages du néocolonialisme occidental et
l’une des incarnations territoriales de cet impérialisme occidentaliste
travesti en libéralisme universaliste. Israël manifesterait sans doute
un comportement égocentrique et indépendant, mais les Occidentaux se
serviraient au moins autant d’Israël que l’inverse ? La servilité des
Occidentaux s’expliquerait moins par la lâcheté ou la subordination que
par la complicité, voire la manipulation… À l’appui de cette thèse,
mentionnons le refus récent de l’administration Obama de suivre les
Israéliens sur le terrain d’une guerre préventive contre l’Iran : on a
constaté le résultat…

Blanrue : Il n’y a pas à douter 1° que le sionisme est la création de
son époque, celle du « fait national » et du colonialisme du XIXe
siècle, 2° que sa naissance a lieu en Europe et 3° enfin que le
judaïsme n’en est pas la seule composante. L’esprit colonial européen
l’a donc bercé. Le sionisme se résout-il toutefois à n’être qu’une
extension de l’esprit colonial européen ? Le sionisme est certes une
tentative d’imiter le mouvement colonial européen. Il a été appuyé à
cet égard par l’une des principales puissances coloniales, la
Grande-Bretagne, à des fins politiques. On remarquera en revanche que
c’est une forme originale de colonisation, sans métropole, qui la
distingue radicalement des autres formes de colonisations européennes.
Par ailleurs, le concept « d’Occident » est depuis longtemps périmé :
je ne vois pas quels intérêts ont en commun la France et les États-Unis
(que certains voudraient confondre dans la trop vaste et trop vague
notion d’Occident) sur la question d’Israël, ni en quoi Israël est un
relais de l’Europe au Moyen-Orient ou contribue à y défendre ses
intérêts. Cette vue de l’esprit était celle de Herzl, qui cherchait à
convaincre les financiers de l’aider dans son projet de conquête en
leur promettant que son pays de cocagne serait le « bastion avancé de
la civilisation contre la barbarie » : ce n’est pas pour autant que son
slogan publicitaire correspond à la réalité ! En fait, on remarquera
que les mouvements de capitaux se font plutôt de l’Europe ou de
l’Amérique vers Israël que l’inverse. Les États-Unis ont un intérêt
géostratégique certain dans la région, inutile de le démontrer à
nouveau : Israël leur permet de contrôler le gaz et le pétrole au Moyen
et au Proche-Orient. Mais l’Europe ? Songez, par exemple, aux sommes
faramineuses que l’Allemagne doit payer comme répération aux rescapés
des camps de concentrations réfugiés en Israël : à quoi cela lui
sert-il ? N’oublions pas que la servilité des « occidentaux » à l’égard
de l’État juif, pour reprendre votre expression, s’explique en majeure
partie par la Seconde Guerre mondiale et l’immense sentiment de
culpabilité qui s’en est suivi, nourri chaque jour par l’idéologie
sioniste, dont les relais, face à toute contestation, procèdent à la
reductio ad hitlerum afin d’écraser leurs adversaires comme des
mouches. L’Union des patrons juifs de France (UPJF) promeut déjà l’idée
d’une loi « Martin Luther King », qui vise à assimiler légalement
l’antisionisme à l’antisémitisme. C’est totalement aberrant. Pour en
revenir à l’objet de mon livre, je montre que Nicolas Sarkozy a utilisé
les réseaux sionistes pour réaliser ses ambitions politiques : de
manière démagogique, il a repris les thèmes de Le Pen pour être élu à
la présidence en 2007 et s’est assuré une immunité en s’associant avec
le lobby pro-israélien américain et ses relais français, qui l’ont
préservé de toute attaque d’envergure sur ce plan. Ces réseaux sont
devenus son plus ferme soutien. Résultat : aujourd’hui, Sarkozy va
encore plus loin qu’Obama dans la critique d’Ahmadinedjad ou dans la
vénération d’Israël. Il est devenu, avec une guerre de retard, un «
Bush à la française », comme l’a dit récemment l’hebdomadaire Marianne.
Mais en quoi la France est-elle gagnante dans cette politique ? Elle
subit elle aussi les pressions sionistes de toute sorte. Ses hommes
politiques reçoivent des consignes des associations pro-israéliennes,
qu’il ne leur serait pas pardonné de ne pas respecter scrupuleusement.
Où est passée notre indépendance nationale, notre souveraineté ? La
politique de Sarkozy, fracture dans l’histoire de la France
contemporaine, conduit notre pays dans le mur en l’associant à la
politique irrationnelle de l’État juif qui a besoin de guerres pour
assurer sa cohésion interne et qui tente de résister à la décadence en
s’auto-illusionnant sur sa force. La politique précédente des
gouvernants français, dénoncée comme « arabe » par ses ennemis, mais
qui était en réalité neutre, prudente et équilibrée, était plus
conforme aux intérêts de notre pays, ainsi qu’à la justice et à la
morale.

4) Pour poursuivre dans cette veine interprétative, ne croyez-vous pas
que le sionisme serait une sous-idéologie, un hybride entre communisme
et libéralisme (pour synthétiser) et que le vrai ennemi de la liberté
ne serait pas cette sous-idéologie, mais ce que le géopoliticien
Hillard a appelé le mondialisme par distinction avec le processus de la
mondialisation ? La mondialisation suivrait le cours de l’histoire
humaine, qui tend vers la globalisation et l’expansion, quand le
mondialisme serait cette idéologie issue des cercles appelant à stopper
le processus d’expansion au niveau de la domination du monde.

Blanrue : Le sionisme est le premier mouvement « rouge-brun » de
l’histoire. On y trouve en son sein des extrémistes de gauche charriant
le mythe des kibboutzim et des ultra-orthodoxes de la droite radicale.
C’est la mystique d’Israël comme État juif qui les maintient tous unis.
Pour autant, je ne définirai pas le sionisme comme une hybridation,
mais plutôt comme un système dégradé et contradictoire qui ne tient en
place que dans la glorification d’une entité artificielle « déifiée »
qui ne perdure que grâce à la recherche d’un ennemi commun à abattre,
qui permet de gommer les antagonismes internes à effet centripète. Dans
ce cadre, l’idéologie mondialiste est à la fois le meilleur ami et le
pire ennemi du sionisme. L’ami, car Israël reste un État à part, qui se
dit prêt à accueillir tous les juifs du monde, quelles que soient leur
nationalité d’origine, avec une « loi du retour » beaucoup large que la
notion mosaïque, puisque, depuis 1970, elle est étendue « aux enfants
et petits-enfants d’un juif, à son conjoint et au conjoint d’un enfant
ou d’un petit-enfant d’un juif ». Ennemi, car le métissage des jeunes
générations et la démographie galopante de Palestiniens sont des
phénomènes qui vont irrémédiablement entraîner l’État juif sur la pente
du déclin, comme le note Jacques Attali, qui lui accorde encore un
maximum de 50 années d’existence. Je crois qu’il est optimiste.


5) Récemment, les élections européennes françaises ont suscité un
certain débat avec la liste antisioniste de Dieudonné et Compagnie
cantonnée en Ile-de-France (bel exemple de parisianisme fort peu
républicain !). Cette liste a connu un succès certes fort mitigé, mais
moins étriqué que ce qu’on avance souvent. Pensez-vous vraiment que
l’antisionisme puisse incarner un programme politique cohérent,
notamment en France ?

Blanrue : Pour le moment, on n’a pas vu de programme antisioniste
réellement cohérent, mais plutôt un mouvement d’humeur catalysant un
ras-le-bol face aux prétentions politiques et aux privilèges des
représentants de la communauté juive (dîner du CRIF, loi Gayssot et
autres), qui entendent parler au nom des juifs, alors qu’ils n’en
représentent au mieux qu’un sixième et travaillent essentiellement à la
promotion du sionisme sans se soucier des intérêts réels de leurs
coreligionaires. Au bilan, les résultats des urnes sont mitigés. Le
vote semble plus ethnique que proprement idéologique. J’ignore si
aujourd’hui, dans notre société telle qu’elle est, une liste purement
antisioniste a quelque chance de succès. Pour susciter l’engouement
populaire, un programme positif me paraît nécessaire. Il est certain,
par exemple, que des personnalités remarquables comme Roland Dumas ou
Dominique de Villepin n’ont pas eu à se revendiquer de l’antisionisme
pour réussir à maintenir la souveraineté nationale lorsqu’elle était en
péril face aux prétentions d’Israël.

6) Vous donnez quelques conseils aux sionistes pour éviter de possibles
violences vengeresses à l’avenir. Pourtant, depuis l’assassinat de
Rabin en 1995, la politique israélienne n’a cessé de connaître une
surenchère dans la violence et le bellicisme, au point que Sharon a été
détrôné dans le paroxysme néo-colonial qu’il incarnait (souvent) par
Netanyahou et son improbable ministre des Affaires étrangères. Un
LaRouche aux Etats-Unis (énième bouc émissaire accusé d’antisémitisme)
explique qu’Israël est pris dans une spirale autodestructrice,
contrairement à l’erreur d’optique qui considère la violence
israélienne comme toute-puissante, notamment dans la région du
Proche-Orient. A l’aune de cette fuite en avant, que pensez-vous de
l’alternative à la guerre perpétuelle qui est présentée comme la
solution de la sagesse et du progressisme et qui appelle à la création
de deux Etats, l’un israélien et l’autre palestinien ? N’est-ce pas une
gageure proposant un néo-apartheid moralement inadmissible et
concrètement inapplicable ? Soit une fausse solution permettant de
différer la résolution d’un vrai problème ?

Blanrue : La proposition des « deux États » comme solution au conflit
israélo-palestinien n’est déjà plus tenable. Stéphane Hessel, y a déjà
répondu. Dans mon livre, je cite cet ancien déporté à Buchenwald, l’un
des « pères » de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, qui
a déclaré à la fin de 2008 : « À la suite de ce qui s'est passé depuis
l'évacuation des colonies israéliennes à Gaza, depuis l'enfermement de
ce petit territoire qui n'a plus de contacts avec le monde extérieur,
depuis qu'il y a le Hamas d'un côté et le Fatah de l'autre, la seule
solution qui apparaissait raisonnable et possible des deux États
–israélien et palestinien – vivant côte à côte à la suite d'une
négociation, n'est plus d'actualité. Tous nos interlocuteurs sur place
nous ont dit : “ C'est out ! Ce n'est plus possible !“ Pourquoi ?
Essentiellement à cause de la façon dont les Israéliens ont continué à
coloniser la Cisjordanie et n'ont rien fait pour faciliter le travail
de Mahmoud Abbas. Aucun de ces problèmes n'ayant évolué ces dernières
années, la solution de deux États est devenue caduque. » Il n’y a rien
à ajouter.


7) Qu’est-ce que l’antisionisme ? Se montrer antisioniste, est-ce
souhaiter la disparition d’Israël ? Si l’antisionisme ne correspond pas
à cette dernière option mentionnée, ne doit-on pas en conclure que le
sionisme et le pro-israélisme ne correspondent pas, en tout cas tout à
fait ?

Blanrue : Il y a autant de types d’antisionistes que de sionistes. Je
ne connais personne qui souhaite la disparition physique de l’État
d’Israël, et sûrement pas le président Ahmadinedjad dont on a détourné
les paroles de leur véritable sens (pour lui, le « régime d’occupation
en Israël » devra « être effacé des pages du temps », ce qui n’a rien à
voir avec l’élimination d’un État). En revanche, l’un des points
communs des antisionistes, c’est de ne pas se satisfaire de la
situation qui règne en Israël et à laquelle on nous contraint
d’assister en France sans qu’on ait le droit de la critiquer sous peine
de nous faire qualifier de noms passibles du tribunal correctionnel.
L’une des définitions possibles et raisonnables de l’antisionisme
tiendrait, pour reprendre le terme utilisé par Jimmy Carter, dans le
fait ne pas accepter qu’Israël continue d’être un État juif pratiquant
une politique d’apartheid.

8) Ne pensez-vous pas que la toute-puissance unilatérale du sionisme
cache l’affaiblissement obvie, quelque chose comme le chant du cygne de
cette idéologie et de la politique pro-israélienne ? La crise
systémique actuelle, qui est tout sauf terminée, affecterait en premier
lieu les intérêts sionistes – le sionisme comme l’arbre qui cache la
forêt mondialiste. Le rempart moral de l’antisémitisme n’empêche plus
aussi efficacement qu’autrefois les protestations (de plus en plus
nombreuses) contre les dérives et les abus, notamment lors des
dernières manifestations de la politique israélienne. Les défenseurs du
sionisme sont de plus en plus contestés, surtout les inconditionnels,
comme BHL et Consorts, qui passent de plus en plus pour des
propagandistes, parfois clairement mensongers (voir notamment le
drolatique épisode de BHL en Géorgie).

Blanrue : Le sionisme touche à sa fin. Tous les indicateurs montrent
que nous sommes à un tournant de l’histoire. C’est pourquoi les
sionistes sont si nerveux, commettent tant d’impairs et sont dans une
politique de fuite en avant désespérée. Si je prends mon cas personnel,
le fait que l’on ne me laisse pas la parole en France, qu’on «
black-oute » mon livre (le diffuseur français de mon éditeur belge a
refusé de le distribuer dans les librairies françaises, alors qu’il
n’est ni interdit ni poursuivi), est révélateur du délabrement du
sionisme français, qui est paradoxalement au pouvoir depuis Sarkozy.
Aux États-Unis, le lobby pro-israélien est encore fort et sûr de ses
prérogatives, même si l’affaire Madoff l’a quelque peu ébranlé : du
coup, il laisse un espace de liberté à ses opposants. En France, les
réseaux pro-israéliens, certes influents, sont dans un état de
décrépitude avancée, s’étripent et doutent d’eux-mêmes, avouant ainsi
leur faiblesse latente : voilà pourquoi ils laissent moins de liberté
d’expression à leurs adversaires. Ils craignent qu’on montre en plein
jour leurs incertitudes, leurs égarements, qui sont autant de signes
avant-coureurs de leur défaite annoncée. Je leur demande de reprendre
l’initiative, puisqu’ils ont contribué à mettre au pouvoir leur
homme-lige, et de nous démontrer qu’ils ont encore capables de
supporter la discussion. C’est pourquoi j’appelle, dans mon ouvrage, à
une nouvelle « nuit du 4 août » : que les privilégiés, mis en
difficulté, renoncent à un certain nombre de leurs privilèges et
prouvent qu’ils sont enfin prêts à faire baisser des tensions qui ne
peuvent qu’être préjudiciables à terme pour la communauté qu’ils sont
censés représenter ainsi qu’à la nation tout entière. « La régénération
nationale exigera la destruction de nombreux privilèges », écrivait Che
Guevara. Cet enseignement est plus que jamais à méditer !